Elles cheminent, sinueuses, se frayent une route et fendent l’air; s’étendent et s’étendent à l’infini, étirent et multiplient leurs bras à leur guise. Tout autour, l’univers tente d’user de son pouvoir... Et la pluie, et les tempêtes, et le tonnerre: autant de déferlements qui font frémir les branches amies. D’un coup, l’une cède, et c’est à l’autre de resserrer son étreinte. Certaines subissent l’usure, marquent la fatigue de l’âge. D’autres encore fleurissent à peine, respirent du neuf; là où richesse de l’expérience et fragilité du jeune âge mêlent leurs petits poings, s'enlacent entre elles. Les branches prennent des allures de barrages, de barrières à l’opposant. Mais les branches préfèrent leurs costumes d’invitation, et d’ascension, toujours plus grande. Elles se croisent, se décroisent et s’entremêlent. Elles se suivent sagement, et lorsque l’une d’elle se sent l’audace de prendre son indépendance, c’est à son tour qu’elle crée un autre chemin : un nouveau lien.
C’est se prétendre arbre que de se sentir ancré dans la terre pourtant légère, que de se sentir encré de sève dorée.