Mardi, 29 mars 2011 à 13 : 37

Je n'ai jamais été de ces petites filles audacieuses qui, face à un éclat de voix ou a un sourcil froncé, tourne les talons en haussant les épaules. Lorsque l'on s'énerve sur moi, à grands fracas ou en silence, avec le corps entier ou juste avec les yeux, c'est toute une déferlante de sentiments qui dévalent les parcelles de mon petit corps. D'un coup ce qui avait été construit s'écroule, et cette chute, même si momentanée, entraîne avec elle des marées et des marées de tourments. Si l'on avait l'ouïe plus fine, on pourrait sans nul doute entendre le bruit des vagues et des craquements, percevoir le clapotis de l'écume de mer qui monte et qui monte jusqu'à atteindre la lisière de mes paupières.

Vendredi, 18 mars 2011 à 14 : 59

Mais lorsque c'est à la réalité que l'on se cogne, de quelle couleur sont les marques sur la peau?
Je suis bleue d'amour, emmitouflée dans un peur bleue et couverte de bleus. Pire que pâle.

Vendredi, 25 février 2011 à 0 : 19

J'ai peur de l'éveil au centre de la nuit, du silence ponctué de sifflements après un cauchemar, j'ai peur des vieux fantômes et des fantômes à venir, j'ai peur des étreintes qui serrent de moins en moins, j'ai peur des chagrins d'enfants - avec larmes, et j'ai peur des chagrins d'adultes sans sanglots, j'ai peur des regards vides et des yeux qui prennent la mer, j'ai peur des voyages imaginaires et des vies sans exils, j'ai peur du vide et j'ai peur du désordre qui s'empile, j'ai peur des jupons qui ne tournent plus et des pensées qui tourbillonnent, j'ai peur des chemins dessinés et j'ai peur de l'aventure innocente, j'ai un peu peur de demain mais surtout j'ai peur d'hier.
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Samedi, 19 février 2011 à 2 : 39

Se sépare t'on un jour des princes et des princesses, des envies de bras en forme de forteresses, des châteaux forts en forme de corps ?
Me faut-il grandir et délaisser les pages d'or, fermer le livre rouge et suivre la ligne rouge et me retrouver rouge de honte d'être à ce point... pâle?
Qu'en est-il de nos grands rêves?

Mercredi, 9 février 2011 à 18 : 56

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Elles étaient allongées dans l’herbe, le nez en l’air ; à les écouter de loin, on aurait pu penser à un dialogue décousu, un mélange de concepts sans liens apparents. En s’approchant, on remarquait qu’elles avaient entre les doigts des petites lucioles qu’elles s’échangeaient en riant, et qu’outre cet échange d' ampoules volantes, leurs réflexions n’avaient rien d’inconséquent ;

- Je ne laisse jamais les montagnes prendre le pas sur l’horizon, je ne les laisse jamais manger ma lumière, mais l’amour, oh. L’amour, c’est vraiment périlleux à escalader.
- Pour les montagnes d’amour, peut-être faut-il avoir un professeur, un maître en art d’alpinisme ?
- Ou bien un partenaire avec un poids d’amour égal ou presque, pour contrebalancer les vertiges, s’assurer l’un l’autre en rappel. Et puis des prises, sur la montagne, des prises où l’on peut s’agripper lorsque l’équilibre nous manque.
- L’amour, ce n’est pas pour les poids plume, il faut croire… Mais peut-être que malgré la différence de poids, malgré le manque de prises, malgré les écarts ou le manque de confiance, parfois, ce qui compte, c’est de vouloir encore s’accrocher, trouver les astuces pour réussir à grimper plus haut à deux.
- Et si la montagne paraît trop immense à surmonter, alors peut-être faut-il simplement s’éloigner ; de loin elle paraitra toute petite, assez petite pour la dépasser d’une simple enjambée.

Elles se sont alors regardées d’un air entendu, ont lentement desserré leurs petits poings, libérant les minuscules lumières prisonnières entre leurs doigts. Les lucioles s’envolèrent mais ne s’éloignèrent pas, elles entourèrent les demoiselles en dansant joyeusement autour d’elles, comme des petites veilleuses éternelles.

(je crois que l'on peut dire, Lucile, que c'est une histoire à quatre mains. merci.)

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